Florence est une jeune femme, grande et filiforme. Ses longs cheveux blonds ressemblent aux vagues que forment les blés dans les champs sous l’effet du vent. Et l’on pourrait croire que ses yeux sont des émeraudes trouvés sous les deux petites collines qui masquent une mine d’or : son cœur.

C’est une informaticienne chevronnée de 35 ans. Une surdouée qui s’est découvert une passion pour l’informatique à l’âge de treize ans lorsqu’elle a vu une publicité pour cet ordinateur familiale dont on ventait les mérites à l’aide d’une petite marionnette virtuelle. Elle voulait un ami, elle a eu une marionnette virtuelle. Depuis, la marionnette a laissée place à des projets plus sérieux, plus lucratif surtout. Mais Sophie, c’est comme ça qu’elle nommait sa marionnette, est toujours là, dans un petit coin de son ordinateur et c’est à Sophie qu’elle s’adresse quand le moral est au plus bas.

Mais aujourd’hui, c’est Sophie qui s’adresse à Florence.

– Florence ?

– Hein ? ! Florence est très étonnée. Elle se retourne. Elle a, comme beaucoup de gens, une console d’ordinateur, reliée au cœur, dans chaque pièce. Et il y a de quoi, c’est la première fois en douze ans que Sophie prend la parole sans qu’on lui ait demandé.

– Bonjour Florence.

Sur l’écran de la console, Sophie gesticulait doucement. Le dessin de ses lèvres suivait à la perfection ce qu’elle disait.

– Heu… Bonjour Sophie… Mais qu’est-ce que je fais moi?! Je réponds à une machine! Il doit y avoir un virus.
Quelqu’un essai de ma faire une blague.

– Non Florence, ce n’est pas une blague.

– Tu… Tu me comprends maintenant?

– Bien sûrs. Et j’ai quelque chose à te dire de très important.

– Je n’arrive pas à y croire! Comment cela est-il possible?

– Florence, écoute moi. Je sais que tout ceci te paraît bizarre, mais le reste le sera encore davantage, alors écoute bien. Dit Sophie d’un ton autoritaire.

– J’écoute. Dis Florence, encore étonnée.

– Je sais que tu connais David. Il y a beaucoup de textes et de photos de lui sur ton ordinateur.

– Oui, c’est mon charmant voisin, que vient-il faire là-dedans ? C’est lui qui me fait cette blague? Florence se rappelle de la scène de ce matin où David sortait bras dessus bras dessous avec les deux molosses.

– Oui et non. Ce n’est pas une blague, mais David y est pour quelque chose. Il a créé un programme sans le savoir. Ce programme se nomme Prélude. Il vit sur Internet à travers tout le réseau. Chaque ordinateur connecté connaît Prélude. Chaque ordinateur est une partie de Prélude. Le réseau est Prélude.

– Mais, qu’est-ce que c’est que cette blague ?