La première porte s’ouvrit. Il semblait à David qu’il pouvait sentir les radiations. Sentir l’odeur, mais également les sentir traversées son corps. Cela le démangeait. La vision de Florence repassait dans sa tête. Il la voyait. Il se rappelait. La première fois qu’il l’avait aperçu. Elle lui avait dit bonjour de sa fenêtre alors qu’il venait tout juste d’emménager dans la maison voisine. Il l’avait regardé sans rien dire pendant cinq longues minutes. Et pendant ce temps, elle n’avait rien dit, pas bougée. Elle avait gardé ce sourire inoubliable et ce regard fixé sur David. Il avait fini par dire quelques mots :

–  » Je… Oui… Heu… Bonjour, bonjour. Dit il gêné.

– Je m’appelle Florence.

– Ah bon ! Ah… C’est joli comme prénom. Je… David… Oui, je m’appelle David et vous ? Euh… Non, enfin, vous, c’est Florence, c’est ça ?

– C’est ça oui. Je vous laisse, j’ai du travail. N’hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin de quelque chose.

– Je n’y manquerais pas. « 

Et c’est ce qu’il fit le soir même. Il frappa à sa porte et lui demanda du sel. Il en avait, mais il tenait absolument à revoir Florence, sa nouvelle voisine. Et le sel à la main, ils restèrent des heures à discuter sur le pas de la porte de Florence.

Ils parlèrent de leur passion pour l’informatique, puis de tout et de rien glissant de temps en temps une question pertinente parmi d’autres questions sans intérêt en espérant qu’elle passerai inaperçu.

–  » Et il vit encore avec vous ? … Non… ? Ah bon…

–  » C’est une grande maison pour une seule personne. Vous y vivez seule ?… Oui… Ah bon… « 

Et chacun leur tour, ils tâtaient le terrain. Si bien que lorsque David repartit, il oublia le sel. Ce n’était pas bien grave puisqu’il n’en avait pas besoin. D’ailleurs, il ne mangea pas ce soir là.

Et tous les deux, David et Florence, savaient qu’ils étaient fait l’un pour l’autre. Ils s’étaient trouvé et plus jamais ne se quitteraient. Mais les jours passèrent, puis les années. Ils étaient toujours ensemble. David venait régulièrement chercher du sel et Florence, le lendemain, lui apportait le sel qu’il avait oublié la veille après une longue discussion. Ni l’un ni l’autre n’osait avouer son amour. Comme deux enfants, ils n’osaient pas faire le premier pas.

Aujourd’hui, il était trop tard. Il aurait dût. Si seulement il avait su. Ses yeux commençaient à piquer. Une larme glissa lentement le long de sa joue. Il la laissa tranquillement suivre son chemin. Il n’avait jamais vu pleurer Florence. Elle avait toujours un sourire à offrir.