Dans notre domaine qu’est l’informatique, et plus précisément Internet, il n’est pas rare de se poser la question : où j’en suis dans mes connaissances ?!
C’est la question que je me suis posé il y a peu de temps, alors que je cherchais un nouveau travail.

Difficile finalement de se situer au vue de la quantité monstrueuse de connaissance à notre disposition et les connaissances que nous avons.

« Ce qui persuade, c’est le caractère de celui qui parle, non son langage. »
Ménandre.

Faire un point

Masse de connaissance

Masse de connaissance

J’ai donc fait le point. Regardé autour de moi, tenter de comprendre. J’ai passé des tests. Je me suis bien amusé. Je m’amuse d’un rien.

Je suis devenu autodidacte par obligation : à mon époque (oh ça va, j’en entends ricaner dans le fond !), Internet n’en était qu’à ses balbutiements et j’y accédait via une console dans une salle blanche avec de grosses machines pleins de lumières. Il y avait un boucan d’enfer (comme dirait Renaud) et un petit écran avec des caractères verts sur fond noir. Et planté devant cet écran, je me demandais bien ce que j’allais pouvoir taper sur mon clavier qwerty. Mais comme j’avais la chance d’avoir accès à cette salle (petit privilégié de ma fac que j’étais), je n’allais pas resté planté là longtemps à ne rien faire. Donc, j’ai commencé des discussions avec des Italiens et des anglais d’autres fac. C’était magique. Aujourd’hui, c’est d’un banal !

Mes profs de l’époque nous apprenaient à détester le DOS (Windows ne devait arriver que quelques années plus tard) et à ne vivre que pour UNIX BSD, Kernighan and Ritchie. Alors comme j’avais un peu de mal à installer UNIX sur mon Amstrad CPC 464, j’ai commencé le C sous CP/M. C’était rudimentaire et même comique. Et puis, ça me changeait un peu de l’assembleur Z80.
Quand le C++ est arrivé avec X Window System, j’ai bien été obligé de passer mes nuits à la fac pour profiter des machines que je ne pourrais jamais me payer. Mon Amstrad étant relégué aux tests d’interfaces électroniques que je fabriquais alors, beaucoup plus simple à réaliser pour une machine 8bits que pour des SPARC.

Vous avez remarqué comme j’ai utilisé pas mal d’acronymes ?! On est un peu obligé en informatique. J’en suis navré.
En même temps, j’aurais pu vous expliqué tout ça plus simplement et passer un peu sur ces termes barbares qui n’apportent rien de plus à l’histoire sauf si vous êtes un peu geek.

C’est là le gros problème : la compréhension. En informatique, il existe tellement d’acronymes qu’il n’est vraiment pas humain de tous les retenir.

Et c’est bien là une différence profonde entre un ingénieur et un autodidacte : l’un aura un langage clair dans son domaine et l’autre clair en dehors de son domaine.

« Sans langage commun les affaires ne peuvent être conclues. »
Confucius

Le chaos comme forme de création

Du chaos naît parfois des imprévus qui s’avèrent être de petites merveilles. C’est un peu l’idée que j’ai de l’autodidacte : il fera beaucoup d’aller-retours avant de trouver quelque chose de pertinent. Mais il trouvera certainement quelque chose de nouveau.
L’ingénieur, ayant une connaissance bien définie et académique, pourra parler et gérer. Il lui faudra dépasser ses connaissances et même (surtout) sa formation pour engendrer de l’originalité.

Vous prenez une somme de connaissances et vous mélangez le tout. Vous ne gardez que ce qui ressort comme étant de bonne qualité. Vous faites quoi des « débris ». C’est à ce moment précis que la création entre en jeu : soit vous les prenez en compte, soit vous les laisser tomber. Nous avons d’ailleurs un très bon exemple d’un moteur de recherche type « ingénieur » : Exalead et un moteur plutôt universitaire : Google.

Vous avez le chaos sous la main

Vous avez sous la main, vous créateurs de jeux en ligne (vous n’êtes pas créateur ? Tant pis, vous comprendrez quand même), une manne de particules chaotiques qui, tel un mouvement brownien, peuvent vous fournir des idées toutes plus chaotiques les unes que les autres : vos joueurs !

N’est-il pas vrai que vos joueurs vous apportent de très bonnes idées ? 1 pour 10 ? Oui, c’est là le principe même de la prise d’idée chaotique. On ne cherche pas à avoir une seule idée bonne, mais à sortir quelques bonnes idées parmi une grande quantité.

Et croyez-vous que vos joueurs soient des ingénieurs spécialisés dans le gameplay ? Ils sont autodidactes : ils apprennent le gameplay en jouant à plusieurs jeux avec passion, pas avec un regard de développeur. Ils voient que certaines fonctions sont vachement sympa sur certains jeux et qu’elles n’existent pas sur d’autres. Ils se disent qu’il serait opportun d’ajouter une fonctionnalité sur un jeu. Et vous propose cette idée parce qu’ils aiment bien votre jeu et qu’ils l’aimeraient encore plus si…

Le plaisir et l’autodidacte. Voilà 2 notions qui vont ensembles et qui font avancer le monde.

Et à qui revient le rôle de mettre en place cette idée aussi géniale ?! L’ingénieur. Celui qui sait. Celui qui va savoir utiliser les ressources humaines et faire une documentation qui va avec. C’est également un véritable plaisir que de construire une idée, de la voir se forger au fur et à mesure.

« Postillons : intempéries du langage. »
Jules Renard

Autodidacte ou ingénieur ?

iPhone rétro

iPhone rétro

Alors, finalement, vous vous sentez plutôt autodidacte ou plutôt ingénieur ?

Je disais, au début de cet article, être devenu autodidacte par obligation. En effet, mes professeurs ne m’ont pas appris à utiliser Internet. J’ai appris le JavaScript, l’ASP, le Php, le HTML, les CSS et tout le reste en passant du temps dans les bibliothèques, en achetant des livres, en faisant de la veille sur internet. J’ai réalisé pleins de sites pour mon propre compte pour entretenir mes connaissances sur le terrain. Et je ne m’arrête pas. Je le fais par passion. On ne peux pas se dire, dans notre domaine, « ça y est, je sais tout ! ». C’est impossible. Tout est à remettre sur le tapis tout les 2 mois. Et mes très chers professeurs étaient avant tout des profs, pas tous des personnes travaillant en entreprises et étant au courant des dernières technologies.

Par contre, je les remercie du fond du cœur pour m’avoir enseigner comment trouver l’information qui me manque. De m’avoir enseigner à ne pas prendre pour argent comptant ce que me disent ceux qui savent. De m’avoir enseigner à me dépasser. De m’avoir enseigner toute cette culture générale qui m’est utile à chaque nouveau projet. Ça, c’est ma base. Une base solide et nécessaire à mes yeux pour devenir autodidacte.

Quoiqu’il en soit, je n’arrive toujours pas à comprendre un informaticien qui parle. J’ai l’impression d’entendre mon garagiste me parlant de la bielle coulée de droite dans le zygomatique de gauche…

« Ce qui distingue l’autodidacte de celui qui a fait des études,
ce n’est pas l’ampleur des connaissances,
mais des degrés différents de vitalité et de confiance en soi. »

Milan Kundera